L’origine des intermittents du spectacle : quand la France a décidé de protéger la création
C’est un statut unique au monde, souvent mal compris, mais profondément symbolique de ce que la France valorise depuis des siècles: la culture, l’art et ceux qui les font vivre. Les intermittents du spectacle ne sont pas des privilégiés : ce sont des travailleurs de l’ombre et de la lumière, qui se battent chaque jour pour créer, jouer, monter, éclairer, transmettre.
Mais d’où vient ce statut si particulier ? Pourquoi la France a-t-elle décidé de leur accorder une protection sociale à part ? Remontons le fil du temps.
« Intermittent : travailleur du spectacle sous contrats courts et discontinus »
La légende raconte que Louis XIV donna son autorisation par “cachet du Roi”, de pouvoir percevoir une rétribution spéciale accordée aux troupes de théâtres avec une protection liée à la précarité du métier.
Lorsque Molière s’écroule sur scène dans ses derniers instants, le Roi Louis XIV entre deux sanglots confiera à Boileau: “Mon cher Boileau, nous perdons là le plus grand legislateur des moeurs”.
Un métier de passion… et de discontinuité
Les artistes et techniciens du spectacle vivent depuis toujours dans l’alternance. Un tournage, une tournée, un festival… puis plus rien.
Leur problème ? Ils travaillent beaucoup, mais pas tous les jours. Et ça, dans un système de protection sociale classique, ça ne rentrait pas dans les cases.
Une exception culturelle à la française
Loin des clichés, le régime des intermittents n’est pas un privilège : il est une reconnaissance de la réalité du travail artistique.
Il a permis de maintenir vivante une scène culturelle foisonnante, de faire émerger des voix nouvelles, de préserver la diversité.
Le saviez-vous ?
La France est l’un des rares pays au monde à offrir un statut spécifique aux artistes et techniciens du spectacle. Ce régime protège près de 120 000 professionnels chaque année, et permet à la création de continuer même dans les temps creux.
Des origines solidaires : de 1936 à 1969
Après la guerre, la culture devient un enjeu d’État. Les syndicats du spectacle se battent pour que ceux qui vivent de l’art ne soient pas abandonnés entre deux contrats.
C’est en 1969 que le statut voit le jour : une exception est créée pour un monde qui, par essence, ne fonctionne pas “comme les autres”.
Pourquoi c’est une bonne nouvelle
Parce que ce régime n’est pas un luxe, c’est un pari.
Celui que la France fait sur l’intelligence, la beauté, la mémoire collective.
Et qu’elle fait le choix de ne pas abandonner ceux qui les incarnent.